Une collection mettant en lumière les châteaux d’eau, témoins discrets d’un patrimoine technique.

Qu’ont à nous dire ces silhouettes qui ponctuent nos horizons ?

En bordure de la départementale 26, entre Brest et Ploudalmézeau, une citerne à eau domine le vallon. Édifiée en 1965, cette construction de béton rappelle l’arrivée tardive de l’eau courante et la modernisation des campagnes.
Son allure empruntée aux tourelles médiévales donne tout son sens au terme « château d’eau ».

Ces architectures se multiplient au XIXᵉ siècle avec l’essor du chemin de fer et des locomotives à vapeur, grandes consommatrices d’eau. Dans les années 1960, Bernd et Hilla Becher entreprennent de photographier systématiquement ces constructions, révélant la diversité de leurs formes et de leurs techniques. Leurs campagnes, menées en Allemagne, aux États-Unis mais aussi dans le nord-est de la France, mettent en évidence cette variété de silhouettes qui traversent les territoires industriels. La pointe finistérienne témoigne à son tour de cette diversité, à travers des “sculptures anonymes” alliant technique et esthétique singulière.

Aujourd’hui, certains disparaissent, remplacés par de nouveaux réseaux d’irrigation, tandis que d’autres se reconvertissent : supports d’antennes relais, habitats insolites ou encore objets d’observation. Ces tours de béton, fragiles repères d’une modernité récente, rappellent combien les infrastructures les plus banales façonnent nos horizons et deviennent, malgré elles, des marqueurs de mémoire collective, reliant technique et imaginaire.